mercredi 17 octobre 2012

Joies et deboires de l'amour soeur-ternel.


Avec ma grande soeur, ca a toujours ete un peu complique.

Quatre ans de difference qui, a certaines epoques, auraient pu en etre mille tant la communication etait absente de notre relation.

Nous partagions le meme sang et les memes parents, mais c’etait a peu pres tout. J’eprouvais envers celle que je considerais comme un demi-deesse une jalousie terrible qui me suffocait en permanence. J’etais mieux sans elle puisque sa seule presence suffisait a me destabiliser et a faire rejaillir tous mes doutes et bousiller la confiance que je portais en moi.

Elle etait plus belle que moi, plus mince aussi, plus intelligente, plus ceci, plus cela, et moi je n’etais qu’un villain petit canard sans grace.

Evidemment je m’etais tout monte dans ma tete et j’etais responsable de mon propre sabotage.

Et puis les aleas de la vie ont fait que nous avons du cohabiter toute une semaine dans ma chambre de bonne parisienne. Ca n’a l’air de rien dit comme ca, mais nous revenions de loin, et un peu auparavant j’aurais pensé qu’une epreuve pareille aurait fini avec du sang sur le mur et des tripes pendouillant par la fenetre.

Que nenni! Ma soeur allait mal, et moi je souffrais de son mal-etre. Je realisais que non seulement elle n’etait pas parfaite, mais qu’elle aussi vivait des trucs de merde. Il a fallu ca pour que la revelation s’opere : ma soeur aussi etait un etre humain. Elle etait tout aussi capable de se planter, d’etre prise par les doutes. Qu’elle voguait tant bien que mal dans les eaux troubles de la vie. Bref, ma soeur appartenait contre toute attente au commun des mortels.  

A partir de ce moment, la logique a repris ses droits. J’ai fait connaissance avec ses vraies qualites et ses vrais defauts. J’ai surtout appris a me detester moins. L’ecart s’est reduit, et la communication a fini par se concentrer sur autre choses que des reproches. Les tranches de rires se sont faites plus nombreuses et plus sinceres. Les discussions aussi.

J’ai realise qu’elle n’etait pas parfaite, et que par ailleurs les gens parfaits sont des etres infiniment chiants et que ca ne les rend pas plus beaux.  Et aussi qu’on ne peut pas aimer la perfection. Pas dans le monde des etres faits de chair et de sang.  

Le monde a fini par tourner rond, j’ai retrouve la raison et fini par botter le cul a ces vieux demons qui me clouaient au sol et dont elle n’etait nullement responsable.

Quelques mois a Paris ont suffit pour poser les bases d’une relation devenue plus equitable.

C’est a Barcelone qu’on a pu la faire fleurir. En partageant tour a tour appartement et travail. En ayant des amis communs qui s’amusaient de trainer avec les Soeurs Machin mais qui nous ont toujours considere comme deux personnes distinctes, meme sommes semblables en beaucoup de choses. J’ai arrete de me sentir menacee en sa presence.

Nous avons fini par former un duo rigolo, et je disais a qui voulait l’entendre que cette meuf trop bien la, c’etait ma soeur a moi! 

Ce nouveau chapitre dans la ville ou sont ancrees une partie de nos racines m’a liberee.

Puis ma chere frangine a fini par tomber completement dingo de ce vaste pays, la-bas, tres loin, qu’on appellee Argentine. Sa parenthese barcelonaise s’est terminee. Je maintiens que dans cette ville, on se rencontre autant qu’on se dit au revoir.

Alors hier, elle s’est envolee pour de bon. Sa vie en trois valises, et Hasta la Vista baby!

Evidemment, je suis heureuse pour elle, mais un morceau de mon coeur est malheureusement reste coince dans la fermeture eclaire d’une des malettes. Il s’est retrouve distendu de 13 000 kilometres et la douleur qui en decoule me fait chialer comme une madeleine des que je regarde autour de moi, et que je realise que je ne vais pas la recroiser au detour de mon salon. Ni du quartier du Raval ou elle etait une serveuse cherie de ses collegues et des habitues.

Les souvenirs eparpilles au coin des rues me sautent a la gorge a la moindre occasion.

Il faudra un peu de temps pour panser la plaie.

Mais mieux vaut suffoquer de cette enorme vide qu’elle a laisse en partant plutot que de crever d’une jalousie mal placee.

Je prefere mille fois 13 000 kilometres de distance a ces annees lumieres qu’instaure l’indifference.



vendredi 3 août 2012

Un an.


Un an déja.

Passé a la vitesse de l’eclair. Una vuelta; un tour de terre autour de ce soleil omnipresent. A peine le temps de cligner trois fois des yeux, et pouf, la voila qui s’en est allée : ma premiere annee a l’etranger.

Il faut dire que ce n’a pas ete de tout repos.

J’avais reve de me fondre dans une nouvelle culture, qui me chamboulerait et que je ferais mienne. Mais la crise ne m’a pas offert la joie du dépaysement. J’ai été chercher du travail la ou il y en avait, c’est a dire en call center, avec des centaines de francophones comme moi.

Et alors meme que je me morfondais de finir dans un univers trop francophone, ce voyage a déposé sur ma route une ribambelle de gens plus formidables les uns que les autres.

Apres tout, j'étais bien partie pour changer d’air quoi qu’il arrive et faire de nouvelles rencontres, tenter de nouvelles expériences.

J’ai compris que si toute expérience ne s’avere pas etre fidele au fantasme que l’on s'en fait en partant, cela ne signifie en rien que celle qu’on vit au final est a jeter a la poubelle. C’est la beaute de la réalité.

Dans cette ville qui virevolte, ou les gens vont et viennent dans un ballet sans fin, j’ai remarque qu’ici, on se rencontre peu longtemps, mais on se rencontre bien. Un petit air de Carpe Diem en attendant que la vie nous dissemine aux quatre coins du globe.

Je pense notamment a Martine, une fille qui, sous ses airs de fille tres normale, s’avere etre une cinglee de premiere categorie. Le genre de personnes qui permet de se faire les abdos autour d’une biere, un one-woman show vivant que le ridicule n’arrivera jamais a dégommer.

Mais ma Martine va s’en aller conquerir ses reves tres bientot. Et on peut dire qu’elle sait envoyer du reve, ma merveilleuse pote : alors que nous continuons tous a galerer dans des boites a l’éthique douteuse, Madame quitte notre open-space pourri pour partir faire pousser des pasteques biologiques a l’ile de la Réunion. 

Les amis qu’elle se fera la-bas n’ont pas idee du type de personne qui va bientot debarquer dans leur vie et de la trace indelebile qu'elle y laissera.

Alors je me suis prise a rever, moi aussi, quand je trouvais le temps long sous les neons du bureau.

J’ai rapidement compris que je ne serais que de passage ici, que ce serait un entre-deux pour moi aussi, et pourtant je n’ai jamais autant eu envie de vivre dans le moment, de chopper the happy train of life

Pendant cette année, j’ai appris a lacher prise. Ce fut le debut d’une quete personnelle.

Parce que cette annee fut la premiere de ma vie ou :

-          J’ai appris a pousser des coups de gueule au lieu d’arrondir les angles quand on se fout ouvertement de ma gueule (Doux baisers a mon agence immobiliere et a mon premier boss!), et en espagnol s’il vous plait (jouissif)!
-          J’ai appris a faire du sein nu sur la plage (presque) sans complexe.
-          J’ai appris a me balader avec les pattes mal epilees et sortir sans maquillage les jours de flemme et me sentir malgre tout terriblement bien dans mes baskets (la dictature Cosmo ne m’aura pas).
-          J’ai appris a tenir plus de six mois dans une boite en faisant le minimum syndical tout en recevant des felicitations sur mon travail (l’imposture du siècle).
-          J’ai appris que la vie peut etre belle, la, tout de suite, et pas forcement demain, ni hier.

Et surtout, j’ai appris qu’etre paume, c’est meme pas grave.

Que ce qui compte le plus, ce sont les souvenirs que je me cree et que je garderai bien au chaud tout au long de ma vie.

Amen.